IX
- L'HYPERTENSION ARTERIELLE VUE PAR LES MEDECINS
Hypertension
artérielle essentielle de l'adulte
Hypertension artérielle secondaire
A
- Première cause: hypertensions endocriniènnes
1
- Acromégalie
2 - Phéochromocytome
3 - Syndrome de Cusching
4 - Syndrome de Conn ou hyperaldostéronisme
primaire à rénine basse: l'adénome est curable
par surrénalectomie, l'hyperplasie est rebelle à la
chirurgie
B - Deuxième
cause: les hypertensions artérielles rénales
1
- Hypertension artérielle par sténose de l'artère
rénale: hyperaldostéronisme secondaire à rénine
haute, cause la moins rare d'hypertension artérielle secondaire
2 -Hypertension artérielle par
néphropathie parenchymateuse
C
- Hypertension artérielle médicamenteuse ou toxique
D
- Une autre cause d'hypertension artérielle: la coarctation
de l'aorte
HYPERTENSION
ARTERIELLE ESSENTIELLE DE L'ADULTE
DEFINITION
Niveau
de pression artérielle corrélé à un risque
cardiovasculaire accru.
INTERET
L'hypertension artérielle
essentielle est une maladie très fréquente puisqu'elle
affecte 10 à 15% de la population (Environ 6 millions de personnes
en France) et représente donc un authentique problème
de santé publique. Facteur de risque cardiovasculaire à
part entière, son diagnostic et son traitement sont l'occasion
du dépistage des autres facteurs de risque cardiovasculaires.
PHYSIOPATHOLOGIE
- la pression artérielle
normale est <14/9
- Lhypertension artérielle
est définie par une valeur >14/9
Sans entrer dans les détails,
l'hypertension artérielle pourrait avoir comme origine une modification
génétique du système rénine/angiotensine.
Le rôle des catécholamines est accessoire mais prédominant
dans lhypertension artérielle du jeune. Une certaine
incapacité du rein à excréter le sodium explique
les hypertension artérielles volo-dépendantes.
Tous ces facteurs s'ajoutent
pour déterminer une modification artérielle, que ce soit
au niveau artériolaire ou au niveau des grosses artères:
l'hypertension artérielle est une maladie de la résistance
artérielle périphérique.
L'âge et le sexe
interfèrent sur les valeurs de pression artérielle: la
pression artérielle systolique augmente avec l'âge alors
que la pression artérielle diastolique tend à diminuer
avec le 3°âge. La variabilité de la pression artérielle
d'une mesure à l'autre est la conséquence des contraintes
psychologiques et dynamiques de la vie courante. Des facteurs génétiques
et des facteurs acquis, en premier la consommation sodée
et un surpoids, plus accessoire-ment le stress et le contexte socio-professionnel,
sont à l'origine de l'hypertension artérielle.
Lhypertension artérielle
est un facteur de risque indépendant impliqué dans des
complications telles que les accidents vasculaires cérébraux,
l'insuffisance coronarienne, l'insuffisance cardiaque, l'insuffisance
rénale chronique et l'artérite des membres inférieurs.
CIRCONSTANCES
DE DECOUVERTE
1) Typiques
Les circonstances de découverte
sont le plus souvent un examen systématique, plus rarement
lors de manifestations neuro-sensorielles, encore plus rarement lors
d'une complication.
L'âge du patient est
compris entre 40 et 60 ans, mais des facteurs environnementaux
peuvent avancer l'âge de survenue; le surpoids est le principal.
Les conditions de mesure
sont essentielles:
- brassard adapté
au bras (doit couvrir les 2/3 de la longueur et de la largeur du bras):
en effet, un brassard inadapté fait surestimer la PA chez l'obèse
- le dégonflage de
la colonne de mercure doit être lent pour ne pas sous-estimer
la systolique, ni surestimer la diastolique
- la mesure doit être
effectuée loin de la prise d'excitants (OH, café, tabac)
- la mesure debout et aux
2 bras doit être effectuée
- 3 mesures sont effectuées
et la valeur retenue est celle de la moyenne des 2 dernières.
En pratique, l'OMS propose 3 mesures à 2 consultations différentes,
6 mesures pour les hypertension artérielles limites.
Plusieurs techniques peuvent
être utilisées pour affirmer une hypertension artérielle
difficile à mettre en évidence: le Holter tensionnel,
la prise de PA lors d'un effort calibré où la diastolique
doit être<10, l'auto-contrôle tensionnel.
Un bilan est alors
entrepris destiné à affirmer le caractère essentiel
d'une hypertension artérielle, à en déterminer
le retentissement, à rechercher d'autres facteurs de risque cardiovasculaires
et d'éventuelle contre-indication au traitement.
2) Etude du retentissement
de l'hypertension artérielle dont on ne connaît jamais
la durée d'évolution
- Dépistage de
l'athérosclérose: recherche de douleurs angineuses
et d'artérite des membres inférieurs. Palpation et
auscultation des gros trajets artériels.
- Retentissement cardiaque:
l'électrocardiogramme recherche des signes d'ischémie
et les signes d'hypertrophie cavitaire. L'échocardiographie
n'est proposée qu'aux sujets à risque.
- Retentissement cérébral:
il faut rechercher un accident ischémique transitoire ou des
signes neurosensoriels en rapport avec lhypertension artérielle.
L'étude du fond dil est classique: au stade
I et II, les artères sont irrégulières voire spasmées
avec signe du croisement mais elles restent fines; le stade III est
le stade des hémorragies et des exsudats; le stade IV celui de
l'oedème papillaire.
- Retentissement rénal:
une bandelette urinaire dépiste une éventuelle
protéinurie et/ou hématurie, dont l'investigation doit
être poussée. Le dosage de la créatininémie
est obligatoire.
3) Le bilan de l'hypertendu
selon l'Organisation mondial de la santé (OMS).
- Dosages sanguins: créatininémie,
natrémie, kaliémie, glycémie, uricémie,
cholestérol total, hématocrite
- Examens urinaires: protéinurie
et hématurie par bandelette
- Electrocardiogramme Radiographie
pulmonaire, fond dil en fait de moins en moins pratiqué
4) Recherche d'une hypertension
artérielle secondaire
- Eliminer une cause
toxique: réglisse, vasoconstricteurs nasaux, contraception
oestroprogestative, alcool, anti-inflammatoire non stéroidiens
- Rechercher les signes
en faveur d'une étiologie secondaire: hypercorticisme, paroxysmes
tensionnels et triade symptomatique céphalées/tachycardie/sueurs...
- Le dosage de la kaliémie
est un élément de suspicion
Devant une hypertension
artérielle récente chez un homme de la cinquantaine, on
suspecte une hypertension artérielle par sténose de l'artère
rénale; chez la femme sans antécédent familiaux
et porteuse d'une hypertension artérielle ne régressant
pas à l'arrêt de la contraception, on suspecte une fibroplasie
de l'artère rénale.
DIAGNOSTIC
DE GRAVITE
La gravité d'une
hypertension artérielle n'est pas estimée sur les valeurs
tensionnelles mais sur la coexistence de facteurs de risque cardiovasculaires,
l'existence de complications viscérales, la réponse au
traitement.
EVOLUTION
1) Les complications
spécifiques
La myocardiopathie hypertrophique
est caractérisée par une hypertrophie des parois myocardiques
ventriculaire et auriculaire, et une altération de la fonction
de remplissage. Ces seules anomalies peuvent expliquer une dyspnée.
La myocardiopathie hypertrophique peut aussi expliquer la survenue d'un
angor. Elle est de plus arythmogène. Elle constitue un
facteur de risque indépendant de morbidité et de mortalité
chez l'hypertendu.
Au stade d'insuffisance cardiaque
congestive, le diagnostic peut être difficile mais la coexistence
d'une hypertrophie et d'une dilatation oriente vers un obstacle
à l'éjection et fait rechercher une hypertension artérielle
antécédente.
Les lacunes cérébrales,
prenant l'aspect de micro-infarctus, est une complication caractéristique
de lhypertension artérielle.
Au niveau rénal,
c'est la néphroangiosclérose dont les lésions
résultent de lhypertension artérielle intraglomérulaire.
2) Les complications
liées à l'athérosclérose
L'angor peut être
lié à une myocardiopathie hypertrophique et peut
l'expliquer à elle-seule, mais il faut faire la part de ce qui
revient aux lésions coronaires et ce qui revient à
la myocardiopathie.
Les accidents vasculaires
cérébraux ischémiques sont plus fréquents
que les accidents vasculaires cérébraux hémorragiques
ou transitoires. La recherche d'un athérome carotidien ou
vertébral en est la conséquence.
Lhypertension artérielle
est incriminée dans l'artérite des membres inférieurs
et les anévrysmes de laorte abdominale.
3) Lhypertension
artérielle maligne
C'est une éventualité
rare de nos jours. Elle s'observe plus particulièrement en milieu
néphrologique voire de transplantation rénale, mais une
contraception inadéquate ou une négligence de lhypertension
artérielle peuvent être en cause. Les critères dhypertension
artérielle maligne sont les suivants:
- Pression artérielle
diastolique >13
- rétinopathie de
stade IV au fond dil
- Insuffisance ventriculaire
gauche sévère
- encéphalopathie
hypertensive
- Insuffisance rénale
progressive par néphroangiosclérose maligne éventuellement
associée à une anémie hémolytique
TRAITEMENT
1) Buts
Diminuer la pression artérielle
systolique en dessous de 14 et la pression artérielle diastolique
en dessous de 9, afin de prévenir les complications en particulier
cérébrale et coronarienne.
Traiter les facteurs de
risque cardiovasculaire.
2) Moyens
Le traitement d'une hypertension
artérielle essentielle se doit d'être le moins contraignant
possible: monoprise matinale, avec le moins d'effet secondaire
possible.
Les mesures hygiéno-diététiques
comprennent réduction pondérale et limitation des apports
sodés. Le régime de l'hypercholestérolémie
ou du diabétique seront un apport important. Le tabagisme et
la consommation de boisson alcoolisée doivent être réduits,
voire supprimés.
Les anti- hypertenseurs
artériels:
- Les diurétiques,
en particulier les diurétiques de l'anse et les thiazidiques,
sont efficaces mais leurs nombreux effets secondaires ne permettent
pas l'utilisation de fortes posologies au long cours.
- Les béta-bloquants
sont aussi efficaces mais on leur reproche une majoration d'un hyperinsulinisme,
ou de troubles lipidiques et l'existence de nombreuses contre-indications.
Ils ont par contre un effet cardioprotecteur mieux établi en
prévention secondaire.
- Les IEC répondent
plus volontiers aux objectifs actuels du traitement de lhypertension
artérielle: effet favorable sur la structure cardiovasculaire,
sur la fonction rénale et ils s'avèrent dépourvus
d'effets secondaires métaboliques. La sténose des artères
rénales, une déplétion sodée préalable,
la survenue d'une hyperkaliémie ou d'une toux fréquente
les contre-indiquent.
- Les anticalciques
ont des effets favorables sur la cardiopathie hypertensive et la compliance
artérielle, respectent la fonction rénale et la natriurèse.
Les effets indésirables fréquents peuvent toutefois
compromettre l'observance du traitement. Il faut éviter tant
que possible les molécules inotropes négatives pour
préférer les molécules cardioprotectrices.
- Les autres anti- hypertenseurs
artérielle, anti- hypertension artérielle centraux
et béta-bloquants, peuvent être prescrits en première intention
mais le plus souvent ils sont réservés aux situations
tensionnelles particulières. Depuis 2 ans, les béta-bloquants
peuvent être prescrits en 1° intention.
- Les derniers médicaments
anti-hypertenseurs sont les inhibiteurs des recepteurs à langiotensine
II. Ils ont un effet sur la pression artérielle qui est très
similaire au autres traitements anti-hypertenseurs mais sont parfaitement
bien tolérés. En particulier, ils sont mieux tolérés
que les inhibiteurs de lenzyme de conversion (IEC) en cas dinsuffisance
rénale. Ils nentrainent pas de toux.
- Certains médicaments
correspondant à une association avec des diurétiques ont
obtenus une AMM pour le traitement de lhypertension artérielle
en première intention, tel que lassociation périndopril
+ indapamide.
3) Indications
- Dans tous les cas, les
mesures hygiéno-diététiques sont de mise
- Dans lhypertension
artérielle stade 2 ou 3, l'on prescrit une des molécules
appartenant à une des 7 classes. La prescription doit être
raisonnée par la prise en compte des pathologies antécédentes,
des interactions médicaments... Les IEC et les béta-bloquants
sont préférés chez le jeune, les diurétiques
et les anticalciques chez le sujet âgé:
|
Indications
préférentielles
|
A
déconseiller
|
Diurétiques |
Hypertension
artérielle modérée, sujets de race noire |
obèses,
diabétiques surtout sous biguanides |
béta-bloquants |
coronariens+++ |
artéritiques,
diabétiques, asthmatiques |
IEC |
sportifs,
obèses |
BPCO |
anti-calciques |
sportifs,
coronariens |
mauvais
état veineux |
Inhibiteurs
de recpteurs à langiotensine |
Sujet
tout venant |
Très
bien tolérés |
Centraux |
En
association aux autres traitements anti-hypertenseurs |
Sujets
présentant dimportante variation de pression artérielle |
4) Résultats et
surveillance
- L'échec d'une
monothérapie doit faire envisager une autre classe médicamenteuse
avant la bithérapie ( béta-bloquants +diurétiques, IEC+diurétiques,
béta-bloquants+anticalciques, inhibiteurs des recepteurs à langiotensine
II + diurétiques). Le suivi est la seule garantie d'observance
thérapeutique.
- Le diagnostic dhypertension
artérielle essentielle n'est pas établi à vie:
le bilan étiologique doit être reconsidéré
en cas d'échec secondaire.
CONCLUSIONS
La fréquence de lhypertension
artérielle dans la population générale ne doit
pas faire perdre de vue quelques points essentiels, préjudiciables
au patient s'ils sont négligés.
Dernière modification de cette fiche :
14/02/2007
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