IX
- L'HYPERTENSION ARTERIELLE VUE PAR LES MEDECINS
Hypertension
artérielle essentielle de l'adulte
Hypertension artérielle secondaire
A
- Première cause: hypertensions endocriniènnes
1
- Acromégalie
2 - Phéochromocytome
3 - Syndrome de Cusching
4 - Syndrome de Conn ou hyperaldostéronisme
primaire à rénine basse: l'adénome est curable
par surrénalectomie, l'hyperplasie est rebelle à la
chirurgie
B - Deuxième
cause: les hypertensions artérielles rénales
1
- Hypertension artérielle par sténose de l'artère
rénale: hyperaldostéronisme secondaire à rénine
haute, cause la moins rare d'hypertension artérielle secondaire
2 -Hypertension artérielle par
néphropathie parenchymateuse
C
- Hypertension artérielle médicamenteuse ou toxique
D
- Une autre cause d'hypertension artérielle: la coarctation
de l'aorte
2-
PHEOCHROMOCYTOME
DEFINITION
Tumeur
de la médullosurrénale produisant des catécholamines
en excès.
CIRCONSTANCES
DE DECOUVERTE
Plus de 100 symptômes
ont été rattachés au phéochromocytome mais
aucun d'eux n'est spécifique. Certains regroupements syndromi-ques,
le caractère paroxystique des symptômes ainsi que leur
association à lhypertension artérielle sont évocateurs.
NB: Le scanner a individualisé un nouveau mode de découverte
fortuit: l'incidentalome surrénalien.
1) Cliniques
a)
Signes fonctionnels
La survenue des symptômes est généralement explosive
et leur durée n'excède pas quelques dizaines de minutes.
Une circonstance favorisante est parfois retrouvée: prise
de boisson alcoolisée contenant de la tyramine, augmentation
de la pression abdominale, absorption de certains mdt (sulpiride, métoclopramide,
antidépresseurs tricycliques). Le déclenchement par la
miction est propre aux phéochromocytomes vésicaux. Leur
fréquence est variable mais au moins hebdomadaire.
La triade céphalées/palpitations/sueurs abondantes
est retrouvée dans près de 90% des phéochromocytomes.
Les autres symptômes sont moins évocateurs: douleur
constrictive abdomino-thoracique ascendante, anxiété,
tremblements, pâleur et troubles digestifs.
b) Signes généraux
Un amaigrissement
est souvent retrouvé dans les formes à sécrétion
permanente
c) Signes physiques
L'hypertension artérielle
est constante au cours de l'évolution. C'est une hypertension
artérielle systolo-diastolique de sévérité
variable (de bénigne à maligne>20-30). Elle est le
plus souvent permanente (60%) mais dans d'autres cas, elle accompagne
seule-ment les autres symptômes. Les autres caractères
les plus souvent retrouvés sont sa variabilité,
sa résistance aux traitements classiques sauf aux béta-bloquants
et son association à une hypotension orthostatique en
dehors de tout traitement médicamenteux.
Devant ce tableau, il faut systématiquement chercher les
signes d'autres tumeurs appartenant aux néoplasies endocriniennes
multiples.
2) Par une complication
Des douleurs abdominales
fébriles peuvent traduire une nécrose tumorale.
S'y associe un syndrome inflammatoire biologique.
DIAGNOSTIC POSITIF
1) Clinique
Lhypertension artérielle
et le syndrome clinique paroxystique, nous l'avons vu très variables,
n'orientent vers le diagnostic que dans les cas caractéristiques.
Dans les autres cas, seul le recours à la biologie permet le
diagnostic et ses indications doivent donc être larges: il repose
sur la démonstration biochimique de l'hypersécrétion
de catécholamines. Le Holter tensionnel est indiqué dans
les formes à paroxysmes fréquents.
Quoiqu'il en soit, le bilan de lhypertension artérielle
doit rechercher les conséquences viscérales.
2) Signes biologiques non-spécifiques
L'intolérance
au glucose ou un diabète est un bon signe d'orientation
L'hyperleucocytose est plus inconstante
3) Tests biologiques spécifiques
a) Les dosages urinaires
Les catécholamines
peuvent être dosées, mais leurs métabolites, lacide
Vanyl-Mandelique et les métanéphrines (normé-tadrénaline
et métadrénaline), plus abondants et plus stables
sont plus utilement dosés. Leur sensibilité respective
est de 90%, et de 100% seulement en cas de dosage sur les urines
de 24h.
Le dosage des catécholamines
fait la preuve de la responsabilité d'un phéochromocytome
au cours d'une manifestation paroxystique à 2 conditions: faire
le prélèvement dans les 3h suivant l'accès,
le faire en milieu acide du fait d'une instabilité à
pH neutre. Elles permettraient un diagnostic précoce des formes
familiales.
b) Les dosages sanguins
Trop d'inconvénients font préférer les dosages
urinaires: variabilité des valeurs en cas de tumeur à
sécrétion intermittente notamment chez les normotendus,
limite supérieure de la N difficile à définir,
conditions draconiennes de prélèvement.
Leur principal avantage est de faire la preuve d'un accès paroxystique
NB: les tests de provocation ou de freinage sont peu fiables et parfois
dangereux.
Des faux positifs sont vus dans les situations perturbant le
métabolisme endogène des catécholamines: états
de choc, insuffisance cardiaque sévère, infarctus du myocarde/déafférentation
vagale, hypertension intra-cranienne/prise de tyramine, IMAO, sevrage
brutal en clonidine.
L'interprétation des résultats est faite en fonction
de la symptomatologie. Chez le sujet hypertendu et/ou symptomatique,
des valeurs normales éliminent le diagnostic. Par contre, des
valeurs normales chez un sujet asymptomatique au moment du prélèvement
ne peuvent être interprétées: le plus simple est
de fournir au patient un flacon contenant 1ml d'acide chlorhydrique
afin qu'il prélève lui-même ses urines après
un accès.
4) Imagerie servant au diagnostic topographique
La clinique est peu utile
en dehors de l'exceptionnelle palpation d'une tumeur cervicale ou de
la symptomatologie mictionnelle d'un phéochromocytome vésical.
Le diagnostic topographique est essentiel en préopératoire
et doit visualiser le nombre de tumeurs, leur localisation et les
rapports avec les organes de voisinage dans l'éventualité
d'une malignité.
a) Le scanner (sensibilité=90%)
Il permet de visualiser les phéochromocytomes>2cm. Les coupes
scanner doivent être dictées selon les localisations
préférentielles des phéochromocytomes. Les
métastases ganglionnaires, rachidiennes et hépatiques
sont les plus fréquentes.
L'imagerie par résonance magnétique nucléaire est
à réserver à la femme enceinte.
b) La scintigraphie surrénalienne à la MIBG (méta-iodobenzylguanidine,
de sensibilité= 90%)
Elle permet la mise en évidence des localisations multiples,
ectopiques et métastatiques.
c) A défaut, le cathétérisme cave avec prélèvements
étagés
FORMES CLINIQUES
1) Phéochromocytomes
familiaux (10%)
C'est le cas dans 10%. Le mode de transmission est autosomique
dominant à forte pénétrance. Ils s'intègrent
parfois dans le cadre des néoplasie endocrinienne multiple. La
grande fréquence des localisations multifocales et bilatérales
et la survenue chez l'enfant doivent être soulignées.
2) Les néoplasies endocriniennes multiples
Ce sont les néoplasies
endocriniennes multiples de type IIa et IIb.
Le dosage de la calcitonine avant et après test de stimulation
à la pentagastrine est systématique du fait du cancer
médullaire de la thyroïde qui domine le pronostic.
3) Les phacomatoses
Le phéochromocytome
est plus fréquent dans la maladie de Von Recklinghausen et
dans la maladie de Von Hipple Lindau.
4) Les phéochromocytomes malins (10%)
10% des phéochromocytomes
sont malins. Les critères diagnostic histologiques sont pris
en défaut car les anomalies cytologiques, la rupture capsulaire
et l'envahissement vasculaire peuvent se voir dans les formes bénignes.
C'est pourquoi les métastases ne sont parfois diagnostiquées
qu'au cours de la surveillance postopératoire annuelle des dérivés
méthoxylés urinaires.
Le seul critère de malignité est la présence
de cellules de phéochromocytome dans les métastases fixant
le MIBG.
EVOLUTION
L'évolution naturelle
est toujours grave et souvent mortelle: non-seulement le patient
est exposé aux complications viscérales de l'hypertension
artérielle, mais aussi à un trouble du rythme responsable
de mort subite ou un collapsus brutal, parfois déclenché
par une anesthésie générale, une intervention ou
un accouchement.
Le pronostic des phéochromocytomes malins n'est pas toujours
dramatique du fait d'une lente extension locorégionale.
Leur traitement est surtout chirurgical car chimio- et radiothérapie
n'ont pas fait la preuve de leur efficacité. Dans quelques cas
cependant, une chimiothérapie à base de MIBG radio-iodée
a permis des survies prolongées.
TRAITEMENT
1)
Buts, moyens et indications
Le but est de procéder
à l'ablation des phéochromocytomes: le traitement de
tous les phéochromocytome est donc chirurgical.
Des précautions préopératoires sont systématiques:
- Traitement de l'hypertension artérielle par les béta-bloquants,
et autres anti-hypertenseurs en cas d'inefficacité.
- correction des anomalies métaboliques, en particulier une
hypokaliémie du fait du risque de troubles du rythme.
- correction d'une hypovolémie après sa mise en évidence
par scintigraphie du volume plasmatique.
+ chirurgie par une équipe entraînée
Les alpha-bloquants et le nitroprussiate de sodium parentéraux
sont le traitement des hypertensions artérielles peropératoires
du fait même de la palpation de la tumeur
2) Résultats
La mortalité est pratiquement
nulle, la survie rejoint celle des sujets normaux: 80% des patients
sont normotendus après l'opération.
3) Surveillance
Elle est clinique et biologique
par surveillance des dérivés méthoxylés
urinaires une semaine, 6mois et tous les ans après l'intervention
pour dépister une récidive et d'éventuelles
métastases.
Dernière modification de cette fiche :
14/02/2007
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